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Et toute la Vendée
fut sacrifiée

Turreau et ...
les colonnes infernales

Entre le 19 et le 21 janvier 1794 (début février pour deux d’entre elles), les douze colonnes de l’est s’ébranlent à partir de douze camps retranchés, avec 80 000 hommes, mais sans artillerie ni
bagages afin d’être plus mobiles et plus rapides.
Elles entrent en action très rapidement, Turreau ayant promis de liquider ce qui reste de « l’exécrable Vendée » en moins de dix jours.

Ce ne sont qu'exterminations, villes ou villages brûlés

colonnes infernales en vendée
Ce plan n'aurait pu être effectué si on n'avait trouvé et les généraux pour commander ces colonnes et les hommes pour les composer. Pour ces derniers, on ramasse qui veut ; les candidats sont nombreux, car toute licence leur est octroyée : ils peuvent voler, violer, piller, comme ils l'entendent. Quant aux généraux, on chercherait en vain leurs noms dans la liste des chefs valeureux sur les champs de bataille d'Europe.
Seules les atrocités ordonnées et accomplies sur une population sans défense doivent perpétuer leur souvenir dans l'Histoire et surtout dans la mémoire des vendéens : Cordelier, Grignon, Caffin, Crouzat, Lachenay, Amey... Sur tout le territoire de la Vendée militaire, pendant tout un semestre, on fusille, on égorge, on noie, on assomme, on sabre, on brûle. Aucun scrupule, aucun cas de conscience, aucune pudeur n'entravent la correspondance de ces généraux qui racontent à leurs chefs, avec flegme et même avec enthousiasme et humour, leurs actes les plus atroces.
Ces rapports, quasi quotidiens, nous les connaissons bien, grâce au livre de Savary (officier supérieur des armées de la république), grâce aussi au volumineux dossier W22 des Archives nationales. Ce ne sont qu'exterminations, villes ou villages brûlés, hommes égorgés, femmes violées et éventrées, enfants écrasés, raffinements de barbarie, débauches au milieu du sang, froides vantardises de scélératesses, tous les excès et les turpitudes où se puisse porter la brute humaine dépourvue de conscience et de foi. Le tout relaté avec plaisanteries, jeux de mots, quolibets.

Rapports quotidiens des généraux à Turreau

Grignon, le 22 janvier :
Toutes les métairies, les bourgs et les villages que nous avons rencontrés aujourd'hui comme hier, ont été passés aux flammes. Ma colonne de gauche en a fait autant. Nous en tuons près de deux mille par jour.

Caffin, commandant la troisième division, et qui avait quelque difficulté avec l'orthographe : Je t'aubserve, camarade Turreau, que tu ne panse peut-être que le pays compause plus de quinze cent maisons, sans conter les métairies. Lorsque j'eincendis, je veux qui reste pas vaistiges et je commance le matin par les églises et les chappeles, après les maisons. J'ai fais tué ce matin cinquante-trois femmes, autant d'enfants. Pas un brigand n'a échappé.

Cordellier, commandant la cinquième division :
J'ai brûlé toutes les maisons et tous les bois et égorgé tous les habitants que j'ai trouvés. Je préfère égorger pour économiser mes munitions. J'ai détruit ce matin trois cent cinquante hommes et femmes, la plupart sans armes. Tous les bestiaux ont été détruits. Mon adjoint Crouzat, commandant le seconde colonne, a tué hier au seul bourg de Gonnord trois cent dix brigands : vieillards, femmes et enfants, mis vivants dans le fossé. Dans ce moment, quarante métairies éclairent la campagne.
Avant de mettre le feu aux bâtiments, on y enlevait les grains et les fourrages qui pouvaient y rester, car, jusqu'à ce sinistre mois de janvier 1794, la dévastation n'avait été que partielle. Il y avait donc, accompagnant la troupe, des agents des subsistances militaires . C'est le témoignage d'un de ceux-ci, Beaudusson, que nous citons, entre des centaines que nous possédons, parce qu'il nous semble sur ce point particulièrement significatif. Nous sommes avec la quatrième division, dont Turreau commande lui-même une colonne :
Jusqu'à Cholet, ils ne cessèrent de tout incendier : châteaux, maisons, métairies. La route de Cholet à Vihiers (presque huit lieues !) était jonchée de cadavres. Partout, les champs voisins du grand chemin étaient couverts de victimes égorgées. Voulant m'assurer par moi-même s'il restait encore des subsistances à enlever des maisons à moitié brûlées, je me transportai dans quelques-unes. Mais qu'y trouvai-je ? Des pères, des mères, des enfants de tout âge et de tout sexe, baignés dans leur sang, nus, dans des postures que l'âme la plus féroce ne pourrait envisager sans frémissement. L'esprit se trouble même en y pensant.

Vider la Vendée entièrement

Triomphant (pour un temps) Turreau, dès le 24 janvier, écrit au Comité de Salut public :
J'ai commencé le plan que j'avais conçu de ma promenade en Vendée, en la faisant traverser par douze colonnes, qui ont déjà fait des merveilles : pas un rebelle n'a échappé à leurs recherches. Une quantité considérable de grains a été découverte et des ordres aussitôt donnés pour les faire filer sur les derrières. J'espère aussi avoir bientôt à vous offrir une collection intéressante de vases sacrés, d'ornements d'église et autres, d'or et d'argent. Enfin, si mes intentions sont bien secondées, il n'existera plus en Vendée sous quinze jours ni armes, ni subsistances, ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond des forèts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions. Il faut donc que tout ce qui existe encore de bois de haute futaie soit abattu, à charge de vider le pays entièrement.
bas
L'un des pires
Né en Anjou en 1748, Louis Grignon sert dans les Gardes françaises avant la Révolution.
Nommé à l’armée des Côtes de la Rochelle en 1793, il s’illustre dans divers combats contre les Vendéens.
L’année suivante, la colonne qu’il conduit et qui multiplie les massacres dans les populations est battue à plusieurs reprises par Charette et par Stofflet. Suspendu en septembre 1794, Grignon est amnistié et réintégré en novembre 1795.
Bien qu’ayant participé sous les ordres de Bonaparte à l’écrasement de la manifestation royaliste du 13 vendémiaire à Paris, Grignon reste sans emploi sous l’Empire. Il exploite en 1810 un débit de tabac qui lui est retiré sous la Restauration, et meurt à Angoulême en décembre 1825.

Haï par Charette
Ancien soldat né en 1760 à Paris, Jean Baptiste Lachenay est cuisinier dans la capitale lorsque
survient la Révolution.
Envoyé en Vendée en 1793, il commande la 4e colonne infernale l’année suivante, rivalisant dans l’horreur avec son chef, Grignon. Sa férocité lui vaut la haine de Charette et Stofflet, qui le suivent à la trace.
Destitué en mai 1794, Lachenay est nommé à BelleÎle- en-Mer dès juin, avant de combattre les chouans bretons sous l’autorité de Hoche.
Il occupe diverses fonctions militaires sans grande
importance sous le Consulat et l’Empire.